dimanche 15 novembre 2009

Nur Götter dürfen dich berühren - 2

2ème partie

Je me sens bien avec Nele. Je ne saurais vous dire à partir de quand je m’en suis rendu compte. En fait, je la connais depuis qu’elle a à peu près six ans – quand Richard m’a présenté son père – en 1991 donc. Je me souviens qu’elle m’a semblé être une petite fille très sérieuse, peu souriante, le sosie au féminin de son père en fait. D’ailleurs, elle lui ressemblait déjà énormément physiquement, alors que Stefanie, ou même Annie (la fille de Flake), ou Claudia (la fille de Paul), ressemblaient surtout à leur mère respective. Enfin, je trouve. Nele est l’exception, en quelque sorte, avec Khira, qui est le portrait tout craché de Richard. Et ce, depuis qu’elle est toute petite – autant physiquement que moralement d’ailleurs.
Tout ça pour dire que Nele, à mes yeux, avant, ne m’attirait pas tant que ça. D’autant plus que c’est la fille d’un pote, fille que j’ai vue grandir et tout. Forcément, il ne doit pas y avoir d’attirance entre nous. Enfin…il ne devrait pas y en avoir.
On a commencé à se rapprocher l’hiver dernier en fait. Ça se passait plutôt mal entre moi et Regina – les tensions au sein du groupe me rendaient exécrable avec elle, et elle ne supportait pas l’idée que je puisse retomber dans l’engrenage de la promo puis de la tournée. Quand elle m’a demandé pour la énième fois de lui promettre que ce serait la dernière tournée, je lui ai dit avec force :
« Ecoute ! Je ne sais pas ce qui arrivera après les deux ans et demi de tournée prévue ! Si ça se passe bien, on refera peut-être un album ? Tu sais que jouer dans Rammstein, c’est toute ma vie ! Tu dois l’accepter, merde ! »
Regina est gentille, en fait – elle est juste ultra protectrice, et ça m’agace. J’ai besoin de changement ; j’ai l’impression que ma vie sentimentale, c’est un peu l’engrenage ; les gonds rouillés d’une porte – je sais pas si vous comprenez l’image. Bref ! J’ai besoin de ne plus me triturer la cervelle avec des responsabilités, des devoirs, des excuses, des obligations. J’ai besoin de vivre un peu librement. Quand j’en ai parlé à Nele, elle m’a tout de suite compris. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle s’était débarrassé du père de Fritzi : elle ne voulait pas se coltiner un papa à la maison – elle aime trop son indépendance pour ça.
Et c’est ainsi que j’ai osé l’inviter au restaurant.
« Heu…c’est pour fêter quoi ?
- Tu veux pas ?
- Si, si ! Volontiers même ! Mais…
- J’ai déjà réservé. Pour ce soir. Vingt heures. Ça te va ?
- Oui.
- Bien. »
Elle m’a souri. Elle m’a lancé ce regard inquisiteur qu’elle a souvent quand elle est méfiante. En souriant. Ça m’a gêné, ce mélange de sentiments. Alors je me suis mis à tripoter une de ses babioles qui traînaient sur la table basse.
« Doom ?
- Oui ?
- Je peux t’appeler Christoph ?
- Oh non, j’aime pas.
- Chris alors ?
- Heu…ouais, si tu veux. »
L’ambiguïté de mes sentiments est devenue évidente. Seule Regina m’appelle Chris. Tous les autres m’appellent Schneider. Ou Doom. Pas Christoph parce que…parce que j’aime pas.
« Je dois m’habiller comment ?
- Hein ?
- Pour le restau ? C’est genre : grand restau chic ou pas ?
- Ah ! heu…pas besoin de te mettre sur ton trente et un ! Une robe sympa, ça ira. »
Elle a sorti sa plus belle robe en fait. C’est plus tard qu’elle me l’a dit, que c’était la robe que Till lui avait offerte pour ses dix-huit ans. Elle était magnifique. Nele n’est pas un canon de beauté, mais je ne sais pas…c’est comme si, à mes yeux, d’un coup, elle était devenue aussi belle qu’un ange. Vous savez, comme le coup de foudre, le fameux ‘love at first sight’ des Anglais, sauf que là, je l’avais déjà vue avant, mais pas ainsi. C’est étrange, cette manière dont une personne peut se métamorphoser juste à cause du regard qu’on porte sur elle. Comme un diamant que les yeux polissent.
Ce soir, j’ai à nouveau ce regard : son profile sérieux me semble si noble – sa main dans la mienne si douce. Ça fait quelques mois qu’on se fréquente en secret pour éviter la colère de Till et les remarques désobligeantes du groupe mais mes sentiments semblent vouloir mettre fin à cette situation. C’est pour cela que j’enlève toujours mon alliance quand je suis avec elle. Elle sait que je la remet dès que je rentre chez moi mais je préfère agir de la sorte – par principe. Moi et Regina, nous sommes plus ou moins officiellement séparés depuis juillet dernier. Mes vacances à Cuba cet été, ce n’est pas avec elle que je les ai passées. Mes sœurs ont eu du mal à l’accepter – mes amis aussi, d’ailleurs. Seul mon frère s’en fiche un peu. C’est vrai que Regina est bien sous tout rapport – elle est gentille et charmante. Elle a même rallié quelques uns de mes amis à sa cause. C’est souvent ce qui arrive quand un couple se sépare : il faut partager les amis. Mais j’ai été clair avec eux : j’ai choisi de quitter Regina ; c’est entièrement ma faute ; j’ai mes raisons, et je l’assume. Mes sœurs m’ont harcelé pour les connaître, sauf peut-être Constance, qui me comprend mieux. Les quatre autres, par contre, elles m’ont fait tout un cinéma. Mais comme elles savent que je suis quelqu’un qui, une fois la décision prise, s’y tient, elles n’ont plus insisté.
En arrivant dans la rue du restaurant chinois, je tente quelques conversations avec Nele mais j’ai l’impression qu’elle est plus distante que d’habitude. Je mets ça sur le compte de la visite inopinée de Till, qui n’est pas pour apaiser son esprit, surtout depuis qu’il s’est fait percer l’arcade sourcilière soi-disant pour faire plus ‘d’jeunz’ (ce que Nele a trouvé totalement ridicule), et je la prends par la taille pour lui indiquer l’entrée du restaurant. Elle me paraît toujours aussi gracieuse. Même quand elle mange. Pourtant, elle a hérité de certaines manies de son père : les coudes sur la table, la tête penchée au-dessus de son assiette de nems, le poignet courbé pour tenir les baguettes. Elle a cette spontanéité, cette franchise dans son attitude qui me charme totalement.
Oui. Je crois que je suis amoureux.

« Papa m’a raconté.
- Quoi ?
- Au sujet de ton shooting à Londres. »
Je fronce les sourcils. Mi-août, j’ai dû me rendre à Londres pour faire quelques photos pour Sabian, la marque de mes nouvelles cymbales. Des trucs de sponsorisation. Du boulot plutôt chiant, bref ! de la promo.
« Et ?
- C’était comment ?
- Ah ! m’exclamé-je avec soulagement. Eh bien, c’était pas mal. Il faisait beau en plus, donc j’ai pu jouer les touristes et visiter la ville, et…
- Papa m’a dit que Regina t’y attendait. »
Je reste bouche bée. Comment Till sait-il ça ? Et pourquoi lui a-t-il dit ? Et pourquoi refuse-t-elle de me regarder depuis tout à l’heure ? Est-elle jalouse ? Mais enfin ! Ce n’était pas ma faute ! Regina avait été informée de mon voyage par quelqu’un de ma famille (sûrement une de mes satanées sœurs !) : je ne savais pas qu’elle y serait et…enfin… Mince ! Nele croit que…que je…
« …heu…oui.
- Tu l’aimes toujours ? »
Nele et sa franchise légendaire !
« Heu… Tu sais, je n’avais aucune idée de…
- Est-ce que tu l’aimes toujours ? »
Pour la première fois de ma vie, j’ai envie d’être triste et énervé à la fois. Je veux protester autant que la prendre dans mes bras. Je veux lui faire oublier cette histoire en lui rappelant nos baisers mais aussi en me justifiant. Bref ! je suis perdu : j’ai envie de me cacher autant que de crier – j’ai besoin de frapper la table du poing autant que de farfouiller ma poche à la recherche d’un mouchoir.
« Réponds-moi franchement, Chris.
- Ce…ce n’est pas ce que tu crois.
- Chris, la question est simple alors réponds !
- Je…je sais pas.
- Mauvaise réponse.
- Nele, s’il te plait.
- Non, Chris. »
Elle rejète ma main qui cherche la sienne. D’un coup, je me sens vide. D’un coup, je m’aperçois qu’au moment même où je commençais à la voir comme mienne, je l’ai perdue.
« Garçon ? L’addition, s’il vous plait. »
Elle paye pour moi. Elle s’en va sans finir son dessert. Sans me dire Au revoir. Sans m’embrasser. Sans même me regarder.

(La suite? par ici: http://doomkrusmannders.blogspot.com/2009/11/nur-gotter-durfen-dich-beruhren-3-et-4.html )

3 commentaires:

  1. rahh non!!! Là je ne le prends pas! Nele a une attitude "à la Till". C'est tout a fait le genre de son père de se barrer comme ca!

    Le piercing de Till pour faire plus djeunz xD j'adore...

    Ce que j'aime particulièrement, c'est que c'est une "nouvelle fiction" elle tient compte de l'actualité, de ce qui se passe avec R+, (Doom avec Sabian, piercing de Till) C'est super réaliste!

    RépondreSupprimer
  2. Hé hé ! Mon idée s'est avérée être bonne : ces deux-là ont bien une liaison ! Mais ... Pour combien de temps encore ? Vu comment se termine cette partie, on pourrait croire que c'est la fin. Ou pas ! Allez, une petite réconciliation sur l'oreiller peut-être ? Mdr ! XD Réponse au prochain épisode, certainement !

    RépondreSupprimer
  3. Fiction sympa ! Simple, claire et directe. A vrai dire, j'aimerai bien qu'elle se termine ainsi, sur le départ de Nele. Ce serait court, certes, mais je ne pense pas qu'il y ait besoin de plus. Par extrapolation, on peut très bien s'imaginer la suite, et c'est surtout ça que j'aime bien dans cette fic' !!! Et sinon a quand une fic' sur Till ? ^^

    RépondreSupprimer

Ich verstehe nicht - 15

  Chapitre XV – Un moulin à paroles               Dès le lendemain de son arrivée, je regrettai d’avoir accepté la compagnie de Paul. ...