vendredi 25 septembre 2009

Glühend - 7

7

Et pourtant !…
‘Bonne nuit.’
‘Merci. Rentre bien.’
Till acquiesça en marmonnant :
‘T’inquiète !’
Il ferma la porte de ma chambre. Mais il ne rentra pas à l’hôtel. Il resta dans mon salon, se prépara pour dormir en silence. Depuis deux semaines déjà, il s’installait sur mon canapé pour ronfler toute la nuit. Et il croyait encore que je ne le savais pas.
‘Till ?’ m’écriai-je au bout d’un bon quart d’heure. ‘Till ?!’
Till se précipita dans ma chambre.
‘Un problème ?’
‘Non. Je faisais un test.’
Till fronça le sourcils et prit sa mine renfrognée bien typique.
‘Tu rentres pas à l’hôtel ?’ demandai-je en souriant.
‘Si, si… J’allais partir.’
‘En caleçon ?’
Till baissa le regard vers ses jambes dénudées.
‘Bon, OK. Je…j’ai la flemme de rentrer en fait.’
‘Depuis deux semaines ?’
Till me dévisagea, comme une souris coincée par un chat plus malin qu’elle.
‘Heu… Si tu veux que je m’en aille…’
‘Non, ça va, tu peux rester. Mais tu sais, j’ai une chambre d’ami. Faut juste faire le lit.’
‘Ouais, je sais. Mais…comme elle est juste à côté de ta chambre, tu m’aurais entendu…’
Je me mis à rire et il gloussa timidement à son tour.
‘J’suis con, hein ?’
‘Ouais !’ l’approuvai-je.
‘Bon…ben, je vais faire mon lit.’
‘Attends ! Tu peux rester deux minutes ? J’arrive pas à trouver le sommeil.’
‘Pas de souci.’
Till vint s’asseoir à mon chevet et se mit à parler de mes draps. Je ne l’écoutais pas vraiment – je regardais surtout ses lèvres ; je crois qu’il me demanda si j’avais des draps en coton car il n’aimait pas mes draps en soie.
‘…ça coûte la peau des couilles et en plus, ça colle dès que tu transpires un peu. Les draps en coton, par contre, c’est agréable au toucher – et puis, c’est plus facile à laver !’
‘Mm.’
‘Alors ? t’en as ?’
‘Je sais pas. Je crois pas, non.’
‘Ah ! ça, c’est con. Je n’aime que les draps en coton. Faudra que je pense à en ramener de la maison…’
‘Mm.’
‘Maria n’a repris que les parures de lit-double, pas les simples…donc ça ira…’
‘Mm.’
‘T’es sûr que ça va ?’
‘Pourquoi ?’
‘On dirait que tu m’écoutes pas.’
‘J’ai un peu mal au crâne.’
‘T’as de la fièvre ?’
‘Je sais pas.’
Till se leva et posa sa main sur mon front pour vérifier ma température. Il était penché à vingt centimètres de moi et je ne pensai qu’à une chose…
‘On dirait pas.’
A une seule et unique chose. Mon cœur se mit à battre la chamade alors que la main de Till fuyait lentement mon front. Je me redressai d’un coup et attrapai son cou pour l’embrasser. Comme ça, sans crier gare. Ce baiser volé fit frémir chaque pore de mon corps, comme s’il n’attendait que ça depuis des mois. Je me sentis brûler de passion pour mon colosse et je fus littéralement sonné en le voyant me repousser fermement.
Till me lança un regard glacial avant de s’éclipser au plus vite. Deux minutes plus tard, j’entendis la porte d’entrée claquer. Et ce fut le silence le plus total…jusqu’à que je me misse à sangloter, me vidant lentement de toute ma rancœur, toute mon aigreur, toute la peine que Till venait de m’infliger.

[trop court? la suite ici: http://doomkrusmannders.blogspot.com/2009/09/gluhend-8.html ]

2 commentaires:

  1. Ooow, pauvre Richard, c'est un peu triste pour lui à la fin. Ce départ précipité de Till ne présage rien de bon. Enfin ... On ne sait pas non plus ce qu'il pense de ce baiser volé, ce Mr Lindemann. T'as bien gardé le mystère là-dessus ^^

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  2. le point de vue de Till serait bien placé.. malgré le fait que ca préserve l'intrigue!!

    très court, mhh.. mais il fait avancer l'histoire si vite à la fois!!

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