mercredi 18 novembre 2009

Nur Götter dürfen dich berühren - 5

5ème et dernière partie


C’est l’aurore quand je repars chez moi. Je sens que mes aveux vont faire du remue-ménage dans le groupe. Flake n’est pas du genre à tenir sa langue, et même si Till le menaçait de coups de poing, il irait quand même tout raconter à Paul, qui s’empresserait de tout dire à Oli, qui irait colporter l’info à Richard, qui viendrait me voir en disant :
« Si tu touches à ma Khira, je te butes ! »
Et je ne parle pas de Jenny qui se fiche bien de ce que pense Till et irait tout de suite appeler Saskia, qui irait voir sa mère, qui appellerait Till pour confirmer. La confirmation de Till créerait un nouveau raz-de-marée avec Saskia, qui appellerait donc Lidja (la femme d’Oli) pour qu’elle aille voir Regina et tout lui raconter.
Quoi qu’on fasse, je suis cerné.

Au fond, Paul a peut-être raison :
« Pfff ! T’es rabat-joie !
- Je suis pas rabat-joie ! ai-je protesté le jour où il m’a montré son deuxième tatouage qui ne ressemble à rien. Je pense juste que tu devrais réfléchir un peu avant de faire des trucs pareils…imagine que certains fans se fassent faire le même tatouage ! Je sais que pour toi, c’est juste un délire, et tu te contre-fiches de ce que ces tatouages signifient – et après tout, tu es libre de faire ce que tu veux de ton corps – mais quand même ! Tu devrais réfléchir aux fans…et ce que les gens diront…
- Bon, Okay – tu n’es pas rabat-joie : tu accordes trop d’importance à l’opinion des autres. Tu ne t’es jamais dit qu’on vivait plus heureux quand on se fout de ce que les autres vont penser ?
- Je…je suis pas d’accord.
- Mais bien sûr !
- Je vis ma vie comme je l’entends…et puis…si l’opinion des gens était si importante pour moi, je n’aurais pas fait le clip pour Pussy avec vous ! Or, t’as vu ? J’étais là. Bon, Viola et Hans…
- Qui ça ?
- Les parents de Leo, celui dont je suis le filleul – tu sais, je t’en ai parlé…
- Ah oui ! Mais où est le rapport avec Pussy ?
- Ben, ils ont peu apprécié – ce qui est normal : t’imagines pas leur surprise quand je leur ai dit que même si Leo leur demandait, il ne fallait pas lui montrer le clip.
- Ah ! Tu vois !!!
- Quoi ?
- Tu accordes trop d’importance à ce que les gens pensent de toi.
- Heu…non, enfin…
- Mais si ! La preuve !!
- Heu…je…mmm. »
Je ne lui ai pas dit qu’il avait marqué un point, mais il le savait. Il avait son visage de vainqueur : la tête haute, il m’a regardé longuement en affichant son sourire grandissant avant de secouer la tête avec un petit rire et de pianoter sur son ordinateur pour répondre à son contact MSN.

Je me demande si c’est l’âge ou mon caractère qui veut ça. Je veux dire : ce sentiment permanent d’incertitude. Je l’avais avant, mais à petite dose – il ne ressortait qu’une fois de temps en temps. Et puis, j’arrivais à jouer le jeu avec mon humour simplet mais efficace. Maintenant, mes doutes ont pris le dessus. Il m’arrive parfois d’avoir une conversation avec Oli ou Paul et d’un coup, mon esprit se déconnecte. Paul s’y est fait – il en profite généralement pour faire pareil. Surtout quand il était dans sa période noire il y a deux ans. Oli, par contre, a toujours l’air gêné : quand je reprends mes esprits, il a le menton coincé entre le pouce et l’index et me fixe d’un regard intrigué. Puis il me demande :
« Heu…ça va ?
- Oui, oui. On disait quoi déjà ?
- Rien. Ça fait dix minutes que tu regardes le mur sans m’écouter.
- Oh ! désolé. Je ne sais pas trop ce que j’ai – sûrement mal à la tête. »
Non. Je ne souffre pas de migraine chronique. Je réfléchis beaucoup. Peut-être un peu trop.
Au fond, Till n’a peut-être pas tort non plus quand il me traite de bipolaire.

J’enfonce ma clef dans la porte d’entrée. J’entre dans la pénombre puis referme la porte derrière moi. Je pose machinalement mon trousseau de clefs et mon manteau sur la table à côté de la porte. Je marche en direction du salon mais j’entends comme un froissement.
Je me retourne. Je ne vois rien car il fait encore nuit et je n’ai pas allumé la lumière. Je tâtonne contre le mur à la recherche de l’interrupteur pour savoir d’où provenait le bruit. Lumière. Personne. Sur le sol, une feuille blanche pliée en deux avec la trace de ma chaussure dessus.

« Christoph,
Papa m’a raconté qu’à Londres, Regina et toi vous étiez réconciliés mais que, pour une raison obscure, tu continuais à émettre des réserves. Nous savons tous les deux que cette raison, c’est moi.
Je ne veux pas d’une relation compliquée – je te l’ai dit. Je ne veux pas non plus souffrir pour rien, car j’ai trop d’amour propre pour ça. Je sais ce que des relations qui mêlent infidélité et jalousie donnent en général – j’ai eu mes parents en bel exemple.
Alors, je préfère mettre un terme à tout ça : tu seras toujours l’ami de mon père et éventuellement le mien quand tu auras dit la vérité à Regina. (N’attends pas que quelqu’un d’autre lui dise – je sais, je ne suis pas ta mère, mais je te connais assez bien pour deviner que tu vas jouer les peureux, te terrer chez toi en attendant que la tempête passe – sois un homme et prends les devants.)
Evite de me revoir au moins jusqu’à la fin de votre première tournée. J’ai besoin de temps.
Et surtout, n’oublie pas de remettre ton alliance – cette fois.
Je t’embrasse,
Nele. »

En lisant la fin de son mot, je souris en versant une larme. Puis je déchire la feuille en petits morceaux et me mets à les brûler dans le cendrier. Le coude posé sur le comptoir de ma cuisine, le briquet dans la main, je sens la fumée du papier me monter aux narines et j’ai encore plus envie de pleurer. Nele est la seule à connaître les circonstances qui ont précédé ma grosse dispute avec Regina. J’avais retiré mon alliance pour aller me bourrer la gueule dans un bar où je savais que personne ne me connaissait : un bar bien miteux de la périphérie berlinoise où même les chances de rencontrer un fan étaient minimes. Mais au cas où, c’était l’époque où je portais la barbe. Impossible de me reconnaître avec depuis que je me suis laissé pousser les cheveux aussi. J’avais retiré mon alliance sans but précis. Je voulais juste savoir ce que ça donnerait.
Une femme m’a accosté. Je ne sais pourquoi. Mon costume qui faisait toujours class même si je me laissais aller par ailleurs ? Mon visage ? Mes yeux, peut-être ? Je n’en ai aucune idée. Tout ce que je sais, c’est qu’au bout de cinq minutes, c’était évident que la femme s’était assise à côté de moi pour plus qu’une simple cigarette.
On est allé à l’hôtel ; on l’a fait plutôt vite fait. C’était la première fois que je baisais une inconnue – et aussi vite. Je me suis senti gêné pour la femme et me suis fondu en excuses, ce sur quoi la femme m’a regardé en disant qu’elle avait vu pire – avant de se rhabiller nonchalamment.
En rentrant à la maison, Regina a tout de suite vu mon doigt sans alliance. J’ai essayé de bredouiller une raison abracadabrantesque mais Regina pleurait déjà, littéralement horrifiée de découvrir ma tromperie avec autant de facilité. Comme si je lui avait inconsciemment facilité la tâche – ou comme si je voulais la faire souffrir de manière purement sadique – alors qu’en réalité, j’avais simplement oublié.
Avec ma poisse, de toute façon, il fallait forcément qu’elle découvre tout dès le premier soir !

Une fois les bouts de papier tous en cendres, je retourne dans le salon pour m’en griller une. Je farfouille dans ma poche à la recherche de mon alliance. Je la contemple un petit moment avant de la renfiler sur mon annulaire tout en tirant sur ma clope. Enfin j’attrape le téléphone.

5 commentaires:

  1. Et voilà, nous voici à la fin de cette petite fiction "Schneiderienne". Je ne sais pas pourquoi mais je me doutais un peu que la relation entre Schneider & Nele n'allait pas survivre à la fin de l'histoire. Encore une fois, j'ai eu du flair, héhé !
    En tout cas, j'ai beaucoup apprécié la lecture de chacune des parties de cette fiction ! C'est agréable de lire quelque chose de bien rédigé et de cohérent. Ca se fait très rare sur Sky' ^^'
    Au plaisir de te relire une nouvelle fois, si un jour l'envie d'écrire te reprend ! ^^

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  2. Je reste sur ma faim... Mais ca montre à quel point Schneider est peureux, face à la vie.
    Mega coup de rire sur "tu touches à khira, je te bute!"

    sinon, je crois pas que schneider sera heureux... Il va continuer de se poser des questions, de se torturer pour rien.

    Super fic au final, j'ai bien aimé!

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  3. J'ai adoré, j'ai presque oublié l'espace d'un instant que les personnages étaient réel, je lisais ça comme un livre où tu les aurais inventé. On reconnait quand même les acpects de leur caractère, et des trucs comme le sponsor de Doom. Bravo!
    Luciole.

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  4. I didnt like Doom's way to see things. But I liked the way you show that he's not able to go forward in his life and be happy. I guess he's going back with his wife to be unhappy again. I dislike those people in general! Everyone deserves to be happy! x)

    Nele and Doom, that's a little awkward. I had trouble believing it but since I dont really know Till's life, what her daughter looks like, etc, it got to me pretty easily after a few lines (I guess the rammsteins really have a weird story after all!)

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  5. Je viens de terminer la lecture de cette fiction... Triste fin puisque cela sous-entend qu'il appelle Regina pour lui avouer le tout mais elle est tellement amoureuse qu'elle lui pardonnera probablement et lui sera donc condamné à être malheureux parce que ce n'est pas elle qu'il aime par dessus tout !
    Je m'emporte. Désolée.
    Enfin tout ça pour dire que j'ai été ravie de lire cette fiction qui fut courte ! Je vais donc me plonger dans la lecture d'une autre.
    A bientôt pour de nouvelles aventures alors.

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Ich verstehe nicht - 15

  Chapitre XV – Un moulin à paroles               Dès le lendemain de son arrivée, je regrettai d’avoir accepté la compagnie de Paul. ...