vendredi 16 octobre 2009

Review de "Liebe ist für alle da" (Lifad) de Rammstein

MUSIQUE :
L’ensemble (avec Bonus) : éclectique, surprenant, parfois innovant, mais surtout disparate. L’album aurait gagné à être plus unifié – mais aurait peut-être perdu en richesse. (Moyenne générale : 7.12/10 – sans bonus : 7.36/10)

Rammlied : riff percutant mais trop rammsteinien pour satisfaire mon envie de nouveauté. Seul le côté épique, qui s’essouffle un peu, m’épatait – m’épate moins maintenant. Par contre, l’intro de Till, reprise sur les guitares seules, m’enchante toujours et les paroles restent intéressantes par leurs multiples sens.
Note : de la note maximale, elle passe à 9/10

Ich Tu’ Dir Weh : première impression très tapageuse – la musique est énergique ; la voix de Till, prouesse à mon goût et surtout du jamais entendu dans tout Rammstein, est une merveille. Le refrain fait très « pop » à cause de son efficacité. Elle représente bien ce que j’attendais du groupe : elle garde tous les éléments qui font R+ (riffs répétitifs, clavier qui rehausse le ton, voix qui émerveille) mais elle innove aussi.
Note : 10/10

Du bist das Schiff ich der Kapitän
Wohin soll denn die Reise gehen?
Ich seh' im Spiegel dein Gesicht
Du liebst mich denn ich lieb' dich nicht
Ich tu' dir weeeeeeeeeeeh
Tut mir nicht leeeeiiiiid
Das tut dir guuuuut
Hör wie es schreit!


Waidmanns Heil : le mini break avant le refrain est surprenant, sincèrement beau – seule la batterie le gâche un peu– les riffs de guitares donnent envie de pogoter comme si on avait à nouveau 17 ans. Seul défaut : elle manque d’unité – elle fait un peu fouillis – mais le halètement vers 2’40 est une excellente idée.
Note : 8/10

Haifisch : elle déroute par la direction un peu groovy qu’elle prend. Sûrement la plus « épique » de l’album – mais un épique différent de celui de Reise, Reise – comme disait Sonnen, elle représente la direction qu’il imaginait R+ prendre. En quelque sorte, Haifisch est un bon compromis, du même acabit que Ich Tu’ Dir Weh.
Note : 9/10

Bückstabü : J’hallucine !!!!!!! C’est en partie les paroles d’un des poèmes de Till (Nele 1 ou 2) ! Par réflexe, je n’arrive pas à dissocier la chanson du thème du poème (l’amour inconditionnel d’un père envers sa fille) – et bien entendu, le résultat, c’est la confusion totale ! Du métal indus froid auquel je m’attendais avec l’intro et les crissements de pneu à la Benzin (ou les cris de Rosenrot ?), voici un Mein Teil claustrophobe, oppressant. Le couplet est trop mou par rapport au refrain complètement taré – même le morceau martelé vers 2’50 et la voix de fou à lier que Till prend à la fin ne rattrape pas le tout.
Note : 7/10 – mais aurait pu beaucoup mieux faire !

Frühling in Paris : guitare = parfaite. Gros fou rire sur l’accent de Till sur « Oh nooooo(n), rien de rieeeeee(n/m) !… » sûrement rajouté sur un coup de tête de Till (qui ne maîtrise pas du tout les sons nasaux !) Le clavier me déçoit. La chanson aurait pu être un nouveau Ohne Dich avec juste le trio guitare-basse-batterie + voix de Till. En fait, c’est le clavier qui retire toute la beauté du morceau. J’espérais peut-être trop de cette chanson aussi.
Note: 6.5/10 mais plus je l'écoute, plus elle remonte dans mon estime.

Wiener Blut: paroles – j’ai l’impression d’un mix forcé (Seid Bereit revu et corrigé pour coller à Fritzl), et je trouve ça dommage. Musique – nouvelle impression de fouillis. Le refrain est trop rapide par rapport aux couplets, dont l’atmosphère fascinante de cruauté est trop vite oubliée. D’accord avec MaXX : plutôt monotone dans l’ensemble. Ce sera un fiasco en concert.
Note: 6/10 même si elle commence à me plaire aussi...

Pussy: elle fait tâche – mais elle relève le ton, justement, comme toute bonne chanson gag – sûrement pour ça que R+ l’ont gardée. Elle est moins drôle que Rein Raus, mais les paroles plus intéressants que celles de Te quiero Puta. Son seul défaut pour les puristes fait sa qualité à mes yeux : elle n’a rien à voir avec le R+ qu’on connaît.
Note: elle mérite son 8/10 pour les claviers, le break « Germanyyyyyy » et la batterie

Liebe ist für alle da : la version leak m’avait lassée – je regrettais même de l’avoir téléchargée. Elle ne représente pas l’album : trop peu travaillée, les paroles mal foutues au refrain, elle laisse un arrière goût de punk un peu sale – se veut hard’n’heavy sans l’être. Même la légère modification sur le dernier refrain, avec Till qui reprend en retard, ben…ça n’sauve pas grand-chose.
Note: je lui ai mis 7 en leak – elle passe à 5/10

Mehr : Juste une impression ? Les guitares sonnent comme Rammlied Nummer 2 – ou alors c’est Rammlied la copie ? Le riff est lassant – le break est bizarre, surtout avant l’élan épique de Till vers la fin. Par contre, je ne sais plus qui a dit que Till a dû s’amuser : je confirme ! Mais il aurait dû resté sur le style des deux premiers couplets.
Note : 6/10 parce que je m’ennuie un peu dessus.

Roter Sand : Je n’arrive pas à comprendre toutes les paroles, mais on dirait la reprise de l’alliance l’amour/la mort si bien connue.
« Roter Sand und zwei Patronen
Ein stirbt in Pulverkuss »
(Sable rouge et deux cartouches / L’un meurt dans le baiser de la poudre)
Pour une ballade mélancolique sur l’amoouuuur, ben, elle fait un peu maladive. Par contre, je mets instinctivement le thème de la mort en avant, et là, elle prend plus de valeur. Mais pas assez pour m’émerveiller pour l’instant.
Note : 6.5/10

Bonus:

Führe mich: léger goût de Oomph, en particulier à cause de la voix de Till (sur le refrain) et la batterie simpliste. Je remarque encore le thème de l’arrêt (halten), présent dans Haifisch et bien sûr Halt. Plutôt intéressant, venant de la part d’un homme qui approche la cinquantaine, âge où on a l’impression que tout s’arrête. Musicalement, pas intéressante mais efficace.
Note: 7/10

Donaukinder: Les paroles sont jolies, la voix de Till les porte bien. La batterie m’ennuie. Seuls les claviers et son élan épique à la fin m’interpellent. Le solo de Richard…ben, c’est dommage que j’ai 45% de perte auditive dans les aigus (je ne l’entends pas dans le métro), il ne m’interpelle pas assez.
Note: une chanson « jolie » donc, mais pas grandiose : 6/10

Halt: Chapeau bas à la voix de Till ! Le piano me donne l’impression d’être enfermée dans une maison hantée – ne me demandez pas pourquoi. Sensation claustrophobe due aux guitares aussi. Elle aurait pu remplacer Wiener Blut sur CD-1 – elle prend moins de risque mais elle a le mérite d’être bien unifiée.
Note: 8/10

Liese: Paroles légèrement altérées – là, on a droit à l’histoire de Jacob qui tue Liese par amour, je crois, et pour…
« von deiner Haut probieren » (goûter à ta peau)
Mmm… On a l’impression que Till veut jouer les conteurs, avec une musique plus que minimaliste, plus dans l’esprit Ein Lied. La voix de Till y est plus stable – c’est cette version que j’aurais préférée à la place de Roter Sand sur le premier CD.
Note: 7/10

Roter Sand (orchestre) : Je rejoins l’avis de Geoffrey et quelques autres – cette version n’est pas indispensable. Mais je me souviens que Ein Lied, que j’adore aujourd’hui, m’avait laissée peu émerveillée à la première écoute. Cette version avec les chœurs masculins, les cordes et les cloches, ben…elle fait un peu tâche… Mais comme ces deux sœurettes, je pense que je l’apprécierai plus à force de l’écouter.
Note: 5/10

Un mot pour décrire tout l'album: Belliqueux

POCHETTE :
Le côté doré de partout, allié à la noirceur de l'ensemble (boîtier, atmosphère des photos), ça me rappelle le baroque - d'ailleurs, à vérifier, mais je pense que les chaises sont de style baroque. C'est une assez bonne idée car ce style (que ce soit en architecture ou en littérature) est caractérisé par ce que j'appellerai un "fouillis structuré": les jeux de miroir et de masque, l'opposition des antithèses et des symétries... Bref, un mélange des genres qui masque une structure.

Ceci dit, on comprends mieux pourquoi tout l'artwork de l'album donne une impression "too much": les photos de Schneider et de Till dans l'espèce de salle de bains stylé Rome antique me rappelle la mythologie gréco-romaine, que les deux femmes, sortes de sosies de Venus symbolisent bien aussi: regardez l'espèce de couronne/casque que porte celle aux pieds de Till. Le coup de la table/Cène fait au contraire plus biblique. D'ailleurs, il y a un vieux livre sur la table. Ce côté biblique est rappelé par les bandages sanguinolants autour des poignets de Till - pour moi, ça fait référence au Christ, mais après tout, ça peut juste vouloir dire combien c'est difficile de couper un corps humain/l'Amour en morceaux pour le donner à manger à ses copains ensuite - qu'on en garde des cicatrices, ou un truc de ce genre. Mais je ne sais pas pourquoi: je reste sur mon interprétation biblique - après tout, c'est Richard qui explicite le titre de l'album en posant la question "peut-on aimer même le pire des monstres?" (RockHard octobre). Comme la doctrine chrétienne inclut d'aimer son prochain, de "tendre l'autre joue" comme le bon Samaritain aurait dit, je reste sur cette optique. Reste plus qu'à trouver les références bibliques dans les chansons!
Par contre, le costume de Richard avec le masque (souvenez-vous: le baroque aime les masques, les miroirs, l'eau) fait plus Renaissance.

Un vrai fouillis historique là-dedans!

Je ne parle même pas de la vieille télé devant laquelle Paul, Richard et Flake, toujours en costume Renaissance mais en caleçon blanc, s'excitent (comme s'ils regardaient un match de foot) - pendant que Till ronfle (agonise?) dans le fauteuil d'en face, en caleçon noir mais avec la veste d'un costume plus contemporain. Tout est symétrique - tout est jeu de miroir...
Le mélange des genres devient limite excessif avec Oli et Flake en mineurs - ou encore avec Oli en face d'une machine à coudre pour...assembler les morceaux des plantes carnivores de la Cène revisitée (plantes carnivores dont on retrouve les racines autour du lit de l'une des Venus prête à être aussi déchiquetée par Schneider, après que Till s'est occupé de l'autre, visiblement avec culpabilité).

Pour comprendre pourquoi Venus, je vous renvoie à La Naissance de Vénus de Botticelli - ressemblance évidente:


Tout ça me laisse à la fois enthousiasmée (par la richesse des références) et perplexe (c'est décidément trop fouillis tout ça) - et quelle ironie! c'est exactement la même impression que j'avais en écoutant l'album il y a deux jours.
Dans l'ensemble, je salue le travail d'Eugenio Recuenco, qui est l'auteur des photos (où est donc passé Olaf?): toutes les scènes sont hyper travaillées - les costumes et les maquillage aussi: ça donne une image très atypique du groupe, dans la veine de l'artwork de Sehnsucht ou Rosenrot.
Seul regret: il n'y pas de photo de Paul en individuel - alors que justement, je l'avais imaginé dans la scène de Till en train de laver les deux Venus.

Bref, trop de choses pour tout résumé en une seule fois: c'est une pochette d'album qui demande à être contemplée comme un tableau de maître pour en voir tous les détails.

Petits détails "rigolos":
- Flake fait un doigt d'honneur sur la photo de groupe autour de la table, ou c'est moi qui rêve?
- Sur le tableau dans la scène de la télé, on dirait un portrait de Richard!! A l'envers! J'adore! Tout de suite je pense au fait que Richard a perdu son statut de "roi" au sein de Rammstein, mais alors...ai-je raison? Aucune idée!



Petit B-Mol: il n'y a pas les paroles des chansons bonus sur l'édition spéciale! :o



English version here: http://ludicrousclimaxofthedevil.blogspot.com/2009/10/liebe-ist-fur-alle-da-review-music.html

2 commentaires:

  1. Pour la scène de la télé, j'ai aussi cru à un portrait de Richard, mais en regardant mieux, ce n'est pas le cas ! Dommage... Les significations auraient été multiples et intéressantes à deviner ^^
    Pour Flake, il me fait penser à Richard Berry dans le rôle du curé du film Casimodo d'el Paris, avec son majeur comme ça ^^ Mais je ne vois pas trop pourquoi il fait ça, doigt d'honneur volontaire ou non?
    Pour ta review,il y a quelques points sur lesquels je ne suis pas d'accord avec toi. Je pense faire la mienne dans la semaine, si j'ai le temps !

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  2. Franchement intéressante ta review. Je suis d'accord avec toi sur pas mal de point au niveau de la musique (Surtout sur Wiener Blut et Ich Tu’ Dir Weh) même si j'aurais accordée une note moindre à Rammlied car je la trouve VRAIMENT lassante.
    Comme je te l'ai dit précédemment j'adore ton analyse de l'atwork que je trouve vraiment plaisante à lire ^^

    Sinon est-ce une faute de ta part ou est-ce volontaire que la moyenne générale que tu as attribuée à l'album est sur 20 ? "Moyenne générale : 7.12/20 – sans bonus : 7.36/10"

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