mardi 12 janvier 2010

Surprise Papa!

Surprise Papa !

Lorsqu’Emil m’a dit qu’il voulait s’installer dans son propre appartement, il y a de cela deux ans déjà, je n’ai pas compris pourquoi. Il venait de se disputer avec Sina, ma copine, à propos d’une bête histoire de chambre mal rangée, et je trouvais franchement sa réaction excessive – non seulement il ne parlait plus à Sina, mais en plus, il voulait carrément partir de la maison !
« C’est quoi le souci, dis-moi ?
- Rien, papa. J’ai juste besoin de mon propre chez moi. J’ai vingt-cinq ans, tu sais. Et…j’ai besoin d’indépendance. C’est tout.
- Si tu le dis. »
J’étais sceptique, évidemment, mais que pouvais-je bien dire ? Après tout, il faut savoir laisser ses enfants grandir. Et si j’estimais que c’était trop tôt, je n’avais qu’à pas le faire si jeune !

***

Aujourd’hui, je comprends mieux pourquoi il a fait le choix de partir de chez moi de manière si précipitée. Enfin, pas si précipitée, quand on compare avec Nele, qui est partie de chez son père dès ses dix-huit ans, mais comme elle est finalement revenue au bout de cinq ans avec un mioche sur les bras, il faut croire que les gamins, de nos jours, ne savent plus se débrouiller tout seuls même lorsqu’ils peuvent voter et faire des bébés. Moi, j’ai de la chance : Emil ne vote pas et ne veut pas d’enfants. Je ne suis pas sûr que le manque d’engagement politique soit un bon signe chez mon fils, mais en tout cas, je suis bien content de ne pas être encore grand-père !
Le fait de voir un lit King Size dans la chambre de son nouvel appartement, dont j’ai insisté pour payer la caution et le premier mois de loyer (comme si son boulot d’infirmier pouvait tout payer !) aurait dû me mettre sur la piste, mais que voulez-vous ? Je suis bien naïf parfois. Surtout à l’approche des quarante-cinq ans.
Il s’est donc installé dans son petit chez lui ; j’ai transformé sa chambre en débarras pour mes guitares que je n’arrivais pas à caser dans mon studio et pour les jouets dont Tomas et Claudia, mes deux autres enfants, ne se servent plus ; et la vie a repris son cours. Bon, Emil était pratique à la maison. Je regrette son absence quand Tomas me demande de le conduire à la boîte de nuit où il doit retrouver ses potes. (Tomas est un fêtard de première, et je le soupçonne de toucher au chichon, mais tant qu’il ne le fait pas devant Sina, ça me va.) Ou encore quand Claudia me demande de l’aide pour son exo de Maths auquel je ne comprends strictement que dalle ! Emil était vraiment pratique à la maison, en fait…

Je disais donc : aujourd’hui, Emil m’a invité au restaurant pour le midi. Comme d’habitude, je me suis pointé en avance tout simplement parce que je n’aime pas être pris au dépourvu. Schneider m’a parlé d’une fille qu’Emil fréquenterait depuis deux ans, sans donner plus de détails sur cette info déjà bien douteuse car venant de la bouche de Till, qui le tiendrait de Richard, qui aurait lui-même écouté une conversation entre Khira et ma fille. Je ne sais pas trop quoi en penser, de cette histoire, mais le ton d’Emil avait l’air bien solennel quand il m’a proposé au téléphone :
« Papa, comme on ne se voit pas très souvent et que tu vas bientôt partir en tournée pour quelques mois, j’ai pensé qu’on pourrait passer le midi ensemble. Ça te dit ?
- Ah…ben, heu…ouais ! Mais ‘faut que je m’habille!
- Attends ! Tu es encore au lit ?
- Heu…ouais.
- Mais il est onze heures, papa !
- Ben, quoi ? Il faut que je me repose avant la tournée. Tu sais, ça crève, un concert par soir ! »
Il n’était pas très convaincu, mais bon, Emil n’a jamais été très intéressé par mon boulot de toute façon. Sûrement parce que ça le gavait de me suivre partout quand je partais faire des concerts en plein air avec Feeling B. Je suppose que ce n’est pas génial de la part d’un père de forcer son gosse à devenir responsable et indépendant plus tôt que prévu, mais en même temps, c’est comme ça qu’il s’est forgé son caractère ! Mais je m’égare.
« Vous désirez quelque chose en attendant ? me demande le serveur.
- Non, non, c’est bon, je viens de voir la voiture de mon fils passer. Je vais juste prendre la carte pour lui aussi.
- Et pour le troisième convive, ajoute-t-il en me tendant les menus.
- Ah, parce que mon fils a réservé pour trois personnes ?
- C’est exact.
- Ah bon ?
- Il y a un souci ?
- Non, non, c’est bon. »
De toute évidence, Schneider n’était pas loin du compte…

Quand Emil entre dans le restaurant, c’est au bras d’une femme particulièrement canon. Mais quand je dis qu’elle est canon, c’est pas rien ! Belle, gracieuse, un regard qui pétille, et une robe qui laisse entrevoir des jambes fines et une jolie poitrine – c’est certain : mon fils beau, grand et musclé s’est trouvé la meilleure paire. J’en suis presque jaloux. Mais en bon père, je me lève et je sers la main de la demoiselle en souriant pendant que mon fils fait les présentations :
« Papa, je te présente Katja Mühe. Katja, voici mon père.
- Enchantée.
- Moi de même ! »
Je n’y crois pas : elle est encore plus canon de près !
« Cela fait un petit moment que je voulais vous rencontrer, Herr Landers.
- Oh, appelez-moi Paul.
- D’accord.
- Dites-moi, ça fait longtemps que vous êtes ensemble ? parce que moi, j’étais au courant de rien !
- En fait, ça fait à peu près deux ans, répond Emil.
- On s’est rencontré à l’hôpital où il travaille… »
Décidément, elle est vraiment très belle. Elle a de petites rides au coin des yeux que son maquillage ne cache pas, mais elle a un teint superbe, une poitrine ferme, et un cou pas fripé pour un sou. Je bois littéralement ses paroles : c’est vraiment le genre de femme qui sait se faire éloquente en plus. Je lui donne…allez ! disons : trente-deux ans.
« …En fait, il avait peur de votre réaction, précise-t-elle après le récit de leur rencontre et le pourquoi du comment ils m’ont caché leur liaison.
- Non, disons que je préférais…te ménager, rectifie Emil.
- Oui, ce qui revient au même, dit-elle en me lançant un clin d’œil, auquel je réponds par un rire.
- En fait, je préférais être sûr avant d’en venir aux présentations – c’est normal ! se défend Emil.
- Après deux ans, j’espère bien que tu es sûr de toi ! »
Et en plus d’être charmante, elle est drôle ! Le repas est littéralement mené par ses répliques. Je savais que mon fils était méticuleux dans le choix de ses partenaires, mais là, il a trouvé la vraie perle rare. Malheureusement pour moi, du haut de ses 27 ans, c’est mon Emil qui l’intéresse – et comme je ne suis pas du genre à piquer les copines de mon fils, il vaut mieux que je ne me fasse pas d’idées. De toute façon, elle préfère sûrement les jeunots encore plein de fougue aux quarantenaires un peu ennuyeux comme moi.

***

« …Le pire, c’était au Jubilée de Berlin de 1987, raconté-je déjà. (J’adore raconter ma vie. Il y a tellement de choses à dire !) Une répression pas possible ! Je me souviens, j’ai pris un coup de matraque derrière la tête ! Bon, vous étiez trop jeunes pour vous en souvenir mais à la télé, ils ont…
- Non, j’y étais aussi ! dit-elle avec enthousiasme.
- Sérieux ? Mais vos parents étaient des malades de vous y amener !
- Ah non ! j’y suis allée par moi-même. Mes parents ont toujours été trop socialistes, de toute façon.
- Mais vous êtes une malade alors !
- Non, mais c’est une kamikaze ! me précise Emil en riant.
- C’est clair ! Mais vous aviez quel âge ? Dix ans ? »
Et là, elle éclate de rire comme si je venais de sortir la blague du siècle. Son fou rire dure si longtemps que j’en suis gêné et regarde Emil, qui me répond par un sourire gêné. Au bout de plusieurs secondes, Katja reprend enfin son souffle et me lance :
« C’est la première fois qu’on me rajeunit d’autant !
- Comment ça ? demandé-je, un peu perdu.
- Eh bien, au Jubilée de 87, j’avais vingt ans, en fait. Pas dix ! dit-elle avec un large sourire.
- Vingt ans ? »
Je regarde à nouveau Emil, qui a baissé la tête vers son assiette vidée de son dessert.
« Attendez ! J’avais vingt-trois ans, donc vous pouviez pas avoir vingt ans quand même !
- Si, si ! continue-t-elle avec son sourire Colgate.
- Non ! »
Et j’éclate de rire avant de reprendre mon sérieux d’un coup. Elle ne rit pas et lui non plus. Je mets ma main devant ma bouche et inspecte son visage plus attentivement. C’est vrai qu’elle a beaucoup de rides pour une trentenaire. Je regarde sa main gauche et j’y vois une trace blanche sur son annulaire qui est plus fin à la base, signe qu’elle portait une alliance. D’un coup, elle semble vieillir de dix ans sous mes yeux : ses cheveux semblent plus éparses que tout à l’heure ; sur son front, une petite tâche due au soleil vient d’apparaître. Elle est toujours très belle, mais elle fait bien mon âge. Or…
« Non, non, non. C’est pas possible ! Vous vous foutez de ma gueule, là !
- Je suis très sérieuse. J’ai quarante-deux ans.
- Non ! Elle plaisante ! Hein ? Elle plaisante ? »
Je regarde Emil qui secoue la tête en signe de négation.
« Je vous crois pas !
- Vous voulez voir ma carte d’identité ? »
Elle bluffe, je suis sûr qu’elle bluffe !
« Ouais, je veux bien ! »
Je regarde la salle en ricanant un peu. Elle ne peut pas avoir mon âge, quand même ! Pourquoi mon fils voudrait d’une vieille, franchement ? Sachant que même à moi, elles ne me font plus d’effet ! Sur sa carte, il y aura marqué qu’elle a trente ans maxi, et j’aurai gagné. Elle ne peut pas avoir mon âge ! Mon fils ne peut pas coucher avec une femme de mon âge !
Katja sort son porte-feuilles de son sac, me tend sa carte. Je la prends et avale un bon coup. Mühe. Katja Rebecca. Née à Berlin-Est. 27 mars 1967. La même année que Richard. Je dévisage Emil, qui me surveille du regard comme si je m’étais transformé en serpent prêt à lui sauter dessus pour le mordre.
« J’y crois pas, dis-je simplement, à bout de souffle.
- Oui, je sais, c’est plutôt surprenant, commence Katja. C’est d’ailleurs pour cela qu’on a longtemps hésité à sortir ensemble. En fait… »

Mais je ne l’écoute plus. D’un coup, ma dernière dispute avec Sina refait surface. Je rentre à la maison plus tôt que prévu ; je vois la porte de la chambre entrouverte, des sous-vêtements qui jonchent le sol. Je pousse la porte et vois Sina endormie contre le torse musclé d’un gamin qui avait même pas la moitié de mon âge, le même gamin que j’avais vu à l’anniversaire d’Emil quelques semaines plus tôt…

« Emil avait peur que vous le preniez mal aussi. C’est pour ça que…
- Papa ? Où vas-tu ?
- Je dois prendre l’air.
- Papa, attends… »
Non, non, non. Je ne veux pas entendre la suite de leur histoire. Je ne veux plus rien entendre. Je me suis levé d’un coup et je sors en trombe du restaurant, le serveur me regardant comme un chien interloqué à l’idée qu’on puisse ignorer son territoire. Sur le trottoir, je fais les cent pas, ma clope au bec, interminablement. Non, non, non. C’est pas possible. C’est – tout simplement – pas possible.
« Papa ? »
Non, non, non.
« Papa ! »
On m’attrape le bras au vol ; je fais volte-face et me retrouve nez à nez avec Emil, à la fois alarmé par mon comportement et peut-être un peu exaspéré. Mais il ne dit rien. Il me regarde, à la recherche d’un truc. Visiblement, il surveille mes réactions, mes gestes. Il s’attend au pire. Il a peur de ce que je pourrais dire.
« T’as couché avec Sina ? »
C’est tout ce que je trouve à dire. Je sais, j’aurais pu trouver mieux, mais je ne sais pas pourquoi, c’est ça qui m’obsède. Au-delà du fait qu’Emil puisse s’intéresser aux femmes de mon âge, c’est l’idée saugrenue qu’il ait pu commencer avec la mienne qui me frustre le plus. Et alors que je m’attendais à un « Quoi ? » ou un « Mais de quoi tu parles ? » ou encore à « Hein ? Mais t’es malade ! », c’est un silence terrorisé qui accueille ma question gênante.
« Oh, c’est pas vrai ! m’alarmé-je en me détournant.
- On l’a pas fait, m’assure Emil, au bord des larmes.
- Quoi ?
- Sina et moi…on l’a pas fait. Je…je… »
Je me rapproche, me mords les lèvres par anticipation.
- Je lui ai dit que je l’aimais. Elle a dit que c’était pas possible entre nous. A cause de toi. Qu’elle faisait blocage parce que je suis ton fils. Et moi…moi, je pensais que j’allais finir par…l’oublier, passer à autre chose…mais j’y arrivais pas. Je pensais à elle tout le temps. Quand elle passait et me regardait bizarrement, je sais pas, j’imaginais des trucs, ou alors c’est elle qui s’est mis à me regarder différemment ? Je sais pas… Quand elle venait dans ma chambre pour soi-disant parler de mes cours, et à la fin, on parlait de toi au lit, de tes faiblesses, et de son manque, j’en pouvais plus ! Quand je vous entendais le soir, c’était pire ! Heureusement que vous le faisiez pas souvent, c’était insupportable ! Je pensais à elle sans arrêt !… Et puis, un soir, je lui ai dit que je voulais partir. Que je pouvais plus rester à la maison, trop près d’elle, avec toi dans les parages. Que c’était trop dur. Elle m’a dit que je n’avais pas à en venir à une solution si radicale, qu’elle m’aimait aussi, et que… Enfin bref ! Elle m’a embrassé. Mais j’avais rencontré Katja, et je voulais pas d’une relation qui mène à rien, donc j’ai dit à Sina que je voulais partir de toute façon. Elle n’a pas voulu. C’est pour ça qu’elle faisait la gueule quand j’ai déménagé. Cette histoire de dispute, c’était mon idée… Papa ? »
Je secoue la tête pour sortir de ma torpeur. Je vois Emil sécher ses larmes d’un coup de manche puis renifler bruyamment.
« Mouche-toi, lui dis-je. Tiens. »
Je lui tends un mouchoir car il fouillait déjà ses poches, en vain.
« Tu sais, papa…
- Quoi ?
- Je t’avoue, ça me fait du bien de te parler enfin de ça.
- T’as bien de la chance.
- Je suis désolé. Vraiment.
- Pas grave, soupiré-je en m’allumant une nouvelle cigarette.
- Tomas m’a dit que tu t’es séparé de Sina le mois dernier.
- Mm.
- Tu…tu l’as surprise avec Mathias, c’est ça ?
- Qui ?
- Mathias, mon meilleur ami.
- Ah !… c’est pour ça que sa tête me disait quelque chose… »
Je sens une main se poser sur mon épaule.
« Je sais que c’est difficile à accepter, mais…comment dire ? Je…
- T’aimes les femmes…vieilles !
- Elles sont pas vieilles.
- Bon, OK. T’aimes les femmes…mûres !
- C’est pas drôle, papa.
- Avoue que la différence d’âge entre toi et ta jolie dame – ou même ma Sina – n’est pas des moindres ! lui lancé-je sur un ton sarcastique.
- Oui, je sais, fit-il en baissant la tête.
- Ecoute… »
Je lève les yeux vers lui et lui tapote la joue.
« Tu as toujours été très mature pour ton âge. C’est moi qui suis vraiment con de n’avoir pas vu le coup venir. Et puis, c’est pas si grave, tout ça. Ce qui est fait est fait. Et enfin…ben, après réflexion, cette Katja a l’air d’une femme plutôt bien pour toi. En plus… »
Je souris par avance à la connerie que je vais lui lancer.
« …je pourrai sortir avec une fille de ton âge, tu pourras rien dire ! J’y perds pas au change ! »

8 commentaires:

  1. "J’adore raconter ma vie. Il y a tellement de choses à dire !" ahahahahahahaha tout simplement génial, grand moment XD!
    Bon sinon, c'est clair que je ne m'attendais pas vraiment a ca, ca change de ton style habituel, tout en gardant le personnage de Paul auquel tu nous as habitué (pas dépressif bien sur, mais la maniere dont tu vois Paul se retrouve dans toutes tes nouvelles)... J'aime beaucoup mais la fin est un peu déroutante... trop rapide en fait? C'est assez surprennant de voir a quel point Paul n'en veut pas a Emil... pourtant faut voir ce qu'il lui avoue! =O
    Mais ca fini par une touche d'humour alors ce n'est pas plus mal ha ha, Paul va pouvoir fréquenter des jeunes filles.... (soupir)XD

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  2. Quand j'ai lu le début, j'ai vraiment pensée que Paul allait tomber amoureux de Katja ou quelque chose comme ça et finalement, c'est tout l'inverse puisque c'est Emil qui tombe amoureux de Sina...
    Franchement je ne m'y attendait pas, tu écris toujours aussi bien avec toujours cette pointe d'humour XD
    Bonne continuation ^^

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  3. Je m'attendais pas à ça!!! Alala, je me prends à rêver que je pourrais être "la" fille de l'âge de son fils, lol! Oui, je sais c'est pathétique, mais c'est parce que je me mets tellement dans tes histoires, que mon esprit s'égare. C'est beau de rêver! J'adore se que tu fais!
    Luciole

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  4. Wow... Surprise sur surprise et encore des surprises!!! Ca m'a époustouflée, j'ai adoré... Dis moi qu'il y en a d'autres ca serait génial... Genre des tranches de vies de paul XD

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  5. ah oui et j'oubliais... je t'ai prévenue sur ton sky mais je te le dis ici aussi: nouveau chapitre en ligne :)

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  6. Ach ! L'intuition que j'avais au début s'est avérée fausse XD Voilà une fin bien surprenante ! Dans le sens positif, bien entendu. Paul réagit d'une manière plutôt innatendue à la fin. A sa place, j'aurais donné une gifle phénoménale à mon gamin après ce qu'il vient de dire :O En tout cas, j'ai pris beaucoup de plaisir à lire cette petite nouvelle. Comme d'habitude ^__^

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  7. Like Aurelie said, I would have hit my son if he had said something like that... its totaly crazy! But this felt sweeter than vertrau mir... ich vergebe dir. It's just a happier story I guess. I don't know the Rammstein story that much, so I'll have to have a better look at all those gossip websites to be able to read your fictions XD with all the names!

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Ich verstehe nicht - 15

  Chapitre XV – Un moulin à paroles               Dès le lendemain de son arrivée, je regrettai d’avoir accepté la compagnie de Paul. ...