mercredi 9 septembre 2009

Glühend - 5

5

Je sais pas trop comment ça commença – sûrement par ma mauvaise humeur habituelle, assaisonnée de la visite inopinée de Merlin ce matin-là, visite qui se solda par des cris de sa part et des grimaces de la mienne – mais je me souviens comment ça se termina. Till claqua la porte derrière lui en gueulant :
‘T’inquiète ! Tu me reverras pas de si tôt !’
Mais il revint, comme prévu, le jeudi suivant.

Depuis quelques temps déjà, je m’étais mis à boire, mais Till ramassait mes bouteilles de bière comme une bonniche bien docile et commentait peu mon état rarement sobre. Ce jour-là, par contre, c’est l’argument qui sortit de sa bouche et que je ne voulais surtout pas réentendre. Apparemment, il n’apprécia pas que je confondisse son rôle d’ami serviable avec celui de la gamine que je payais pour remplir mon frigo.
‘Tu veux des bières ? T’as qu’à descendre toi-même en acheter. Maintenant, viens prendre ton bain !’
‘Tu te fous de ma gueule ou quoi ?!’ m’emportai-je. (C’est que je ne lui demandai que de m’acheter le pack de bière que cette idiote avait oublié dans mes courses. Pas la lune !) ‘Comment veux-tu que je descende dans mon état ?’
‘Ben, tu prends l’ascenseur. C’est à ça qu’il sert : aux vieux pépés et aux handicapés comme toi.’
‘Connard !’
‘Quoi ? ça te fais chier d’admettre que tu es handicapé ? Pourtant, faudra bien que tu t’y fasses un jour.’
‘Va me chercher mon pack de bières !’
‘Non. Tu bois assez comme ça. Si t’as soif, y’a l’eau du robinet.’
‘Je ne bois pas trop si c’est ce que tu crois ! ça…ça m’aide à m’endormir…’
‘Sur ton fauteuil à côté de la fenêtre ? Tu crois que j’ai pas remarqué que ton lit n’est jamais défait, que tu n’as pas changé de vêtements depuis la dernière fois ? Voyons, Richard, tu crois que je vois rien ?’
‘T’es qu’une…une… une taupe !’
‘Une taupe ?’ ricana-t-il.
‘Oui, une taupe !! T’es aveugle et tu viens creuser ton trou chez moi alors que je t’ai rien demandé ! Voilà ce que tu es : une sale taupe !’
‘Mais bien sûr ! Bon, allez, viens prendre ton bain maintenant.’
‘Non !’
Je roulai en direction de ma chambre.
‘Hey ! Tu crois que tu peux me fuir ?’
Till me rattrapa.
‘Mais tu ne me laisseras donc jamais ?’
‘Non.’
‘Mais qu’est-ce qui t’arrive bordel pour que tu ne me lâches pas d’une semelle ?! Maria veut plus baiser avec toi ? C’est pour ça que tu viens me faire chier ?’
‘Maria et moi, on est séparés. Maintenant, tu viens prendre ton bain.’
Till saisit les poignets de mon fauteuil et me fit prendre la direction de la salle d’eau, mais dans ma tête, les méchancetés fusaient déjà : il venait de me donner le bâton pour lui taper dessus, et je n’allais pas me gêner !
‘Ah ! je comprends mieux maintenant : elle est partie avec les gosses, c’est ça ? Hein ?’
Till s’arrêta net.
‘J’ai pas envie d’en parler.’
‘Ha-ha ! Bien sûr ! Elle aussi en a marre de toi, donc elle t’a largué comme une vieille chaussette. Résultat : tu viens me pourrir la vie parce que t’as peur de finir tout seul comme un con, hein ?’
‘Non.’
‘Ben, vas-y ! explique-moi, tocard ! Raconte-moi ta version des faits ! Tu as appris qu’elle te trompait car tu n’arrives pas à la satisfaire toi-même, donc tu as décidé de la laisser te surprendre dans les bras d’une autre, c’est ça ?’
‘Non.’
‘Mais bien sûr ! Si je me souviens bien, c’est le coup que tu avais fait à Anja, non ?’
‘Ecoute Richard : ferme-la !’
‘Pourquoi je me tairais ? Je suis chez moi, d’abord ! Si t’es pas content de ce que je dis, tu sais où se trouve la sortie.’
Till retourna mon fauteuil d’un coup sec et se baissa pour me faire face, ses deux grosses mains fermement accrochées à mes accoudoirs.
‘Maria est partie parce qu’elle trouve que je passe trop de temps avec toi. Voilà.’
‘Ha-ha-ha ! C’est la meilleure ! Maintenant, tu rejètes la faute sur moi ! C’est vrai : c’est tellement plus simple d’accuser les autres de sa propre connerie.’
‘Je…je ne t’accuse pas…’
‘Mais bien sûr ! Ton couple part en miettes, alors tu viens me faire chier parce que moi, je peux pas t’attraper par le col pour te foutre à la porte.’
‘Je viens ici pour t’aid…’
‘J’ai pas besoin de ton aide !!!’
‘Apparemment, si ! Puisque tu n’es même pas capable de sortir de chez toi pour aller au supermarché du coin de la rue !’
‘Si je n’arrive à rien, c’est peut-être parce que tu me maternes trop !’
Till fut si abasourdi par ma réplique qu’il se contenta de rire.
‘T’es toujours derrière moi à vouloir savoir si j’ai bien mangé, si je me suis changé, si je me suis bien torché le cul ! Tu fais chier à la fin ! J’en ai marre de te voir !’
Till secoua la tête comme pour se débarrasser de mes remarques et reprit les commandes de mon fauteuil. Je mis mon pied gauche dans une des roues et bloquai l’autre de ma main.
‘Mais arrête de faire le gamin, Richard !’
‘Je fais pas le gamin : c’est toi qui veux être ma mère !’
Till soupira.
‘Pourquoi tu restes ici à me faire chier ? Pourquoi tu ne me laisses pas tranquille, à la fin ?’
‘Tu veux que je te laisse pourrir dans ta merde ? C’est ça que tu veux ?’
‘Ouais !’
‘Comme tu vaudras. Mais sache que j’ai mes raisons pour rester auprès de toi – et elles sont loin d’être celles que tu imagines !’
‘M’en fous ! Veux pas savoir ! Dégage de chez moi ! Et reviens pas !’
‘T’inquiète ! Tu me reverras pas de si tôt !’

***

Mercredi : j’eus sincèrement peur qu’il ne revînt pas. Alors je roulai en rond dans le salon à la recherche d’une activité à laquelle occuper mon cerveau préoccupé par une absence qui me chagrinait plus que je ne l’aurais voulu. Jeudi : il fut en retard. C’est donc sur le seuil de ma porte qu’il me trouva en sortant de l’ascenseur avec un sac de courses à la main. Il se contenta de sourire en disant :
‘Tu as roulé un mètre hors de chez toi. C’est un début. Ça te dit de faire une ballade en ville ?’
‘Je sais pas… C’est quoi que tu as dans le sac ?’
‘Des vêtements. Je me suis dis que si tu ne t’habilles plus, c’est sûrement parce que tu as grossi.’
Je fronçai les sourcils en le voyant sortir un pantalon noir puis je regardai mon ventre ridé, difforme, couvert de cicatrices et, c’est vrai, bedonnant aussi. A vue d’œil, j’avais bien pris deux tailles.
‘Allez, rentre ! Je vais t’aider à l’enfiler,’ fit-il en entrant chez moi et en ébouriffant mes cheveux au passage.

[la suite? ici!!! http://doomkrusmannders.blogspot.com/2009/09/gluhend-6.html ]

7 commentaires:

  1. Ce Till est vraiment un amour... Moi aussi je veux qu'il vienne deux fois par semaine chez moi pour s'occuper de ma petite personne *-*
    Richard est de plus en plus aigri... la solitude sans doute...
    Till cache toujours bien son jeu, mais MERDE je veux savoir ce qu'il se trame dans son esprit!!
    La suite bordel! ><

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  2. Mmmh, si ça se trouve, Till a des sentiments pour Richard ... Ce serait vraiment marrant si c'était le cas XD Moi et mon imagination, ça fait peur ^^ Vivement la suite !

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  3. Aurélie qui dit que Till a des sentiments pour Richard!!!!!! TROP ca serai hilarant, le beau petit couple qu'il formeraient!!!! XD XD XD

    bref...
    ^^
    Till qui n'est plus avec Maria?? ah non, c'est moche.. non je rigole ^^ Till seul ca mènerait pas a une autre fille...? j'espere que tout ca ne nous mene pas à une fille bien jeune qui prendra Richard en pitiée pour le remettre sur pieds... sinon je fais un scandale!!!!! et peu importe les motivations de la fille en question... et que Till ne l'amene pas chez un psy! XD

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  4. héhé ! Moi aussi ça m'a traversé l'esprit, que Till ait des sentiments pour Richard ! Ou alors, pour une raison quelconque, c'est de sa faute si Richard à joué à Pyro, que ça a merdé !
    Bref, comme disait Pépin, hâte de lire la suite !

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  5. p.s : j'aime bien la nouvelle couleur ! ^^

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  6. ah au fait dans la description deGluhend, dans la colone de droite ya "plain" au lieu de "plein"

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  7. Toujours aussi bien ton histoire continue comme ça... En tout cas moi je suis fan ^^
    P.S: désolé de ne pas etre venue lire plus tôt mais je n'ai eu le temps que de valider tes coms.

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Ich verstehe nicht - 15

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