mercredi 23 septembre 2009

Glühend - 6

6

C’est à partir de ce jour-là que je compris les petits sourires – les clins d’œils. Les gestes presque tendres. Et puis, les silences gênés. Surtout les silences gênés.
Till n’était plus seulement l’ami serviable qui venait désormais trois fois par semaine pour m’occuper. Il était devenu l’homme que j’avais toujours refusé de voir en lui. L’homme qui depuis vingt-quatre ans déjà avait partagé mes peines et mes joies, mes ambitions et mes déceptions, mes envies et mes délires – mes amours aussi – ou plutôt, disons que c’est moi qui lui piquais ses gonzesses ; j’appréciais ses restes comme un chien qui croit toujours que ce qu’il y a dans l’assiette du maître est meilleur que les croquettes de sa gamelle. Je baisais ses copines en me disant secrètement que si Till avait aimé, j’aimerais aussi. De l’idolâtrie ? J’avoue : j’y avais longtemps cru. A mes yeux, Till se faisait Dieu : savoir presque tout de son enfance difficile me rapprochait de lui, et pourtant, il me semblait toujours plus cultivé, toujours plus intelligent, toujours plus fort que moi.
J’en étais venu à la conclusion que pour moi, Till était en fait le grand frère que je n’ai jamais eu – l’homme à qui je veux ressembler plus tard. Toujours plus tard. L’homme qui m’arrête dans mes conneries aussi – le seul qui avait réussi à me gueuler dessus assez fort pour me faire lâcher la coke…alors que nous avions tous les deux commencé à sniffer ensemble. Till partageait mes contradictions, mais il avait la réflexion nécessaire pour se contrôler – alors que moi, j’étais le penchant pulsionnel de notre duo – passionnel aussi – celui qui le poussait à accepter l’offre d’une collaboration avec tel ou tel groupe, jubilant secrètement de le voir ensuite me supplier d’y participer avec lui. C’est que Till m’avait choisi moi ! Moi ! C’est moi qu’il venait voir quand il avait des doutes concernant les paroles d’une chanson. Ou sa voix défaillante. Ou sa nouvelle copine. Ou sa gamine pré-pubère trop intéressée par les mecs…

***

Je me souviens qu’un jour (ça devait être pendant la tournée Mutter), Paul, complètement bourré, nous surnomma « le couple gay le plus cohérent qu’il eût rencontré ». Till explosa de rire tandis que je m’exclamai, outré :
‘Mais on n’est pas gays !’
‘Ah bon ?’ s’étonna Till.
Je le dévisageai dans le but de lui faire comprendre que personne dans le groupe n’était au courant de mes (més-)aventures homosexuelles remontant à ma vingtième année – et que c’était beaucoup mieux ainsi.
‘Il n’empêche…’ répondit Paul visiblement gêné, car pas assez bourré pour zapper la remarque de Till. ‘Heu…je disais quoi déjà ?’
Till s’affala sur le canapé, pris d’un autre fou rire.
‘Oh ! et puis, zut ! J’ai oublié ! Je vais me servir un autre verre, tiens !’
‘Pff !’ me contentai-je de dire.

Notre duo… Ou notre couple. Peu importe. L’ambiguïté avait été permanente.

***

C’est à partir de ce jour-là, disais-je donc, ce jour où il réussit à me sortir de mon appartement pour une petite ballade en ville, habillé des vêtements tout neufs qu’il venait de m’offrir, que je compris que j’avais pour Till des sentiments plus forts que ceux guidés par l’amitié ou la reconnaissance. Oui. J’aimais Till comme on aime une femme. J’aimais sa tendresse quand il m’aidait à prendre mon bain. J’aimais sa voix quand il m’assurait que je n’étais pas devenu le monstre que je voyais dans le miroir. J’aimais le léger bruit des pages de son livre, qu’il tournait pendant que je fumais ma clope. J’aimais le son de son stylo quand il marquait la liste des courses à faire pour la gamine que j’avais embauchée. J’aimais même ses ronflements quand il tombait de sommeil au bout d’une de nos longues conversations.
Un soir, il resta si tard qu’il m’aida à me pieuter, allant jusqu’à me border comme par réflexe, avant de s’endormir comme une masse, la tête posée sur l’espace où aurait dû se trouver ma jambe droite. Je ne pus m’en empêcher : je me redressai et portai sa tête pour la poser sur ma cuisse, appréciant la chaleur de sa respiration – véritable présence humaine et bénéfique qui finit par réchauffer mon cœur aigri. Lorsque je me réveillai le lendemain matin, je le vis toujours dans la position où je l’avais laissé – exceptée sa main, qui était partie entourée mon genou gauche pendant la nuit.
Les jours passèrent, et mes sentiments se précisèrent : je compris que l’admiration que j’avais toujours eue envers son corps musclé n’était pas de la jalousie voilée ; c’était une véritable attirance physique. Et penser à lui quand il n’était pas là réveillait en moi des désirs qui m’avaient quitté depuis mon accident.
Or, même si parfois, j’avais l’impression qu’il devait partager ces sentiments, qu’il ne serait pas à mes côtés s’il ne ressentait pas quelque chose de plus fort qu’une simple amitié, je ne pouvais me résoudre à faire le premier pas. Lui avouer ce que je ressentais avant que lui ne le fît – non, il en était tout simplement hors de question. Je suis beaucoup trop fier pour ça.

[ http://doomkrusmannders.blogspot.com/2009/09/gluhend-7.html ]

7 commentaires:

  1. Enfin on rentre dans le vif du sujet ! ^^

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  2. enfin une direction!!!
    et je ne peux que l'approuver mon dieu lol

    je vais prendre plaisir à lire cette fiction, tout ca est trop cohérent pour n'être que de la fiction en plus :P

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  3. Richard en amoureux transi de Till, n'est-il pas adorable ? XD Mon petit doigt me dit que malgré tout, Till va savoir ce que Richard ressent véritablement pour lui. Peut-être que ça sera réciproque ... ^^

    Réponse au prochain épisode ! (ou pas xD)

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  4. ...
    ARF. Ma seul remarque sera : c'est trop court =D
    J'étais à fond dedans et PAF! D'un coup plus rien...
    Enfin bref comme je le dit d'habitude vivement la suite ^^

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  5. euh je me pose une question : pourquoi dans toute les fic' que j'ai lue Richard prend ou prenait de la coke ???

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  6. @Chloée: personnellement, plusieurs choses portent à le croire :P.. dans une entrevue récente qu'il donne pour le podcast de Metal Hammer.. il y fait allusion presque 3 fois... mais bon, c'est peut-être juste une coincidence..

    Ludi... d'où est-ce que t'as pigé une idée pareille de pairer Till et Richard? Parce que là chapeau.. ca ne m,a jamais traverser l'esprit! Ils sont trop hétéro pour moi je trouve.. :P même si tout ca (eh jme répète ^^) est trop cohérent pour n'être que de la fic.. :P

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  7. Eh bien, tout d'abord, au sujet de Rammstein et la drogue, je vous renvoie à cette interview de Till pour Playboy en 2006 (dont Nina m'a gentiment passé le lien! ^^ )
    http://till-lindemann.skynetblogs.be/post/5268846/english-long-interview-playboy-january-2006

    Ensuite, pour ce qui est du côté réaliste de mes fictions, héhé! c'est mon "ptit secret"! Non, je plaisante - à vrai dire, je m'évertue beaucoup à mettre mes personnages (très caricaturaux dans l'ensemble) dans des situations cohérentes pour rendre le tout plus "crédible" - est-ce un style? Je sais pas trop. J'ai toujours fait comme ça.
    Peut-être que le don familial (deviner le caractère des gens en les observant) y est aussi pour beaucoup - quand j'ai vu Richard en interview pour la première fois, je l'ai cru gay. L'imaginer très proche de Till n'est dû qu'au fait de voir beaucoup de photos non promotionnelles de Till avec Richard, combiné avec la bio du groupe, où on apprend que c'est Richard qui a poussé Till à chanter.
    Le reste? Ben, c'est que de l'imagination qui parfois tombe en plein dans le mille - mais jamais volontairement!
    (Vous imaginez Till se pacser avec Richard? hihihihi)

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Ich verstehe nicht - 15

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